À TOUS LES QUARTS
Je pense à toi tous les jours,
Et toutes les nuits je te recrée
En vain.
Je repense à tes lettres,
Je les lis,
Je les répète en pensée,
Seul, dans la cale.
Je pense à faire l'amour avec toi,
Je m'agenouille; j'aimerais
pouvoir compter chacune de tes étoiles à loisir
Allongé dans l'intimité d'un verrou,
Et d'un lit.
POÈME À MA PATRIE
C'est la Manche qui s'étend devant moi; mais je n'y vois que les vagues de l'Atlantique à perte de vue, ignorantes de l'Angleterre. C'est étrange de voir l'eau comme un lien, et non une séparation; car c'est de naviguer qui m'arrache à toi. Et lorsque le Soleil se couche, je regarde vers l'Ouest, dans ta direction; je sais que tu es là, au bord d'un lac à l'odeur de sel. Je t'écris alors que je ne te reverrai plus jamais. Nous ne sommes plus sous le même ciel, désormais : le tien est bleu, quand le mien vire à l'orange; et les étoiles sont le seul souvenir que j'ai des tâches sur ta peau.
LES DOIGTS DANS LA PRISE
Quel regret de ne pouvoir te montrer ma
Dévotion, au travers de ma nuque courbée ;
Je recevrais avec humilité le plaisir
Sacré, délicieux,
De te prendre en bouche,
De recevoir un peu de toi
En décharge sur ma langue.
Je veux que tu sentes
L’électricité et la chaleur qui se
Transfèrent de ma chair à la tienne :
Je veux te serrer de tout mon corps,
Me brûler contre ta peau,
M’emmêler avec toi, tes mèches folles, mes doigts fébriles.
Mes poèmes <3
La douche, acrylique, 65 x 90 cm, janvier 2023.
MER ET MONDE CONTENUS
J'aimerais promener mes doigts
Sur le duvet de ton triangle sacré.
Remonter, lentement, jusqu'à tes épaules, ta nuque et
Ton cou. Ta peau crisse sous mes doigts.
Tes mèches, rendues brunes et bouclées, alourdies par l'eau,
Gouttent sur ta poitrine en pluie entre nous.
Je goûte le calcaire sur tes lèvres
Et toi, le sel sur mon ventre.
Nos bras et nos jambes fument de vapeur.
À travers la buée, je perçois clairement
Les vagues vigoureuses
Dans lesquelles je pourrais retomber en un instant,
Au sortir de la douche.